Au commencement fut l’appel. L’appel à la cohérence, à mener une existence cohérente, à vivre en accord avec nos valeurs, et à les manifester. L’appel à respecter sa propre nature, la Nature, la Terre-Mère, la Vie. L’appel à vivre l’Unité avec la Nature, à s’accorder avec ses cycles et ses rythmes, à vivre en conscience d’en faire partie, d’être elle.
Après avoir pendant des années, Christian et moi, orienté nos existences toujours plus en cohérence avec nos valeurs, au niveau professionnel, relationnel, matériel, nous avons observé une limite difficile à franchir : se libérer de l’argent. En effet, la société a mis l’argent au centre de ses interactions au point qu’il les structure. Ceci a pour conséquence une minimisation de l’importance de l’humain, des liens, de la Nature, de la Vie. Il s’agit d’un état pathologique de la société. Notre idée n’est pas de réparer la société, mais de mettre en œuvre un nouveau modèle qui soit tellement bon qu’un glissement s’effectue progressivement vers celui-ci, sans exercice de pouvoir, d’une façon non pas centralisée et planifiée mais spontanée, puis éventuellement organisée en réseau.
Notre histoire a été marquée par l’expérience de la biodanza, et en particulier des stages résidentiels de formation en biodanza. L’expérience de la vie en communauté avec des relations basées sur le respect de notre nature : êtres vivants, humains en lien avec soi-même, avec les autres, avec l’Univers. Etre en lien est notre nature. Etre créatif est dans notre ADN. Aimer et être aimé est un besoin humain au même titre que respirer, boire, manger. Ressentir l’Unité profonde avec Tout est un potentiel qui aspire à être vécu par chacun, que cela soit conscient ou non.
Nous avons la vision d’une vie où le travail et la créativité ne sont pas conditionnés à la rentabilité. Le travail devrait répondre aux besoins, aux besoins des êtres vivants et non des systèmes et organisations.
Nous avons la vision d’une communauté qui travaille ensemble, où le plaisir d’effectuer ensemble les tâches à accomplir annule le déplaisir de leur laboriosité.
Nous avons la vision d’une communauté où les enfants sont respectés, où l’on fait confiance à leur aspiration naturelle à apprendre.
Nous avons la vision d’une communauté de don : un espace où on ne compte pas, où chacun contribue selon ses capacités et ses talents, où tout le monde donne et tout le monde reçoit selon ses besoins et en harmonie avec le groupe. Une communauté sans hiérarchie des contributions : où les contributions spirituelles, relationnelles, et artistiques ne sont pas dévalorisées par rapport aux contributions matérielles.
Nous avons entendu le mot écovillage. Il nous parle. C’est le nom d’une forme que pourrait vraisemblablement prendre notre vision. Mais cela reste un nom d’infrastructure. Nous la souhaitons pour soutenir et faciliter matériellement nos projets. Mais nous avons décidé de ne pas attendre d’avoir une infrastructure matérielle pour vivre notre vision. C’est pourquoi nous préférons le mot Oasis. Nous vivons déjà notre vision, sans qu’elle soit aboutie. Un peu comme on vit déjà dans une maison encore en travaux.